En ostéopathie, nous portons beaucoup d’attention sur les 3 liens anatomiques qui unissent toutes les composantes du corps humain : le lien fascial, le lien vasculaire et le lien neurologique.
Ces 3 liens ont leur propre substrat anatomique mais, dans une vision globale, c’est bien le tissu conjonctif, par son réseau fascial et sa matrice extracellulaire qui connecte ces 3 liens[1].
Le concept d’énergie tient une place essentielle en acupuncture et aussi, plus ou moins selon les écoles, en ostéopathie. Mais comment comprendre, aborder et évaluer l’énergie dans une approche réellement ostéopathique ?
« Le vent souffle, la feuille bouge ». Si je n’étudie objectivement que la structure (la feuille), je ne vois pas, je n’appréhende pas l’énergie (le vent). En même temps, j’ai besoin de la structure pour « matérialiser » et percevoir cette énergie. Nous pouvons ainsi concevoir que le tissu conjonctif, partout présent et qui remplit tout, rend « palpable », par sa souplesse et son élasticité, l’énergie invisible qui anime tout organisme vivant. Cette démarche nous a conduits depuis des années à intégrer systématiquement la réalité tissulaire des méridiens et des points d’acupuncture dans notre pratique ostéopathique, au même titre que les autres structures corporelles. Et, dans la continuité de nos travaux précédents[2], les Merveilleux Vaisseaux (MV)[3] décrits par l’acupuncture et leurs points d’ouverture[4] sont aujourd’hui devenus une nouvelle source d’inspiration.
A la suite d’un séminaire LMO, le Dr René Descartes, co-auteur de cet article, a partagé ses travaux personnels sur les Merveilleux Vaisseaux en proposant un rapprochement entre les 8 MV et les 8 unités du Lien Mécanique Ostéopathique[5].
Est-ce que chacun de ces MV serait représentatif d’une unité fonctionnelle ou anatomique particulière ?
Y a-t-il pour l’ostéopathe, un réel intérêt à prendre en compte le modèle des MV ?
Et, si leur point d’ouverture peut être testé facilement, cela permet-il de déterminer la ou les unités à traiter en priorité ?
On pourrait aussi imaginer que la stimulation des points d’ouverture et/ou des autres points clés des MV puisse consolider, et amplifier le traitement d’une unité !?
La pratique nous a montré que les points clés des MV présentaient souvent des fixations tissulaires en relation avec la symptomatologie des patients. De plus, le traitement de ces lésions ostéopathiques nous a donné des réponses étonnantes, y compris dans les pathologies complexes, chroniques ou récurrentes sur lesquelles nous avions peu de résultats.
L’expérience et les retours cliniques nous ont confortés dans la pertinence de cette démarche. Nous sommes aujourd’hui convaincus que le système des Merveilleux Vaisseaux mérite pleinement d’être intégré comme moyen supplémentaire de diagnostic et de traitement en ostéopathie.
[1] Helene M. Langevin, David L. Churchill, Marilyn Cipolla, Mechanical signaling through connective tissue: a mechanism for the therapeutic effect of acupuncture, 2001
On peut définir la lésion ostéopathique comme une cicatrice pouvant affecter tous les tissus d’origine mésodermique: os, articulations, muscles, tendons, ligaments, fascias, aponévroses, derme, gaines vasculaires, etc. Et même, si le système nerveux est d’origine ectodermique, rappelons que les nerfs périphériques sont composés à plus de 50 % de tissu conjonctif d’origine mésodermique (épinèvre, périnèvre, endonèvre). Sans parler des gaines conjonctives (paraneurium) qui enveloppent les nerfs dans leur trajet.
[2] Chauffour P., Prat E., Michaud J., LMO Points clés du système nerveux périphérique, Editions Sully, 2017.
[3] Appelés aussi méridiens extraordinaires.
[4] Appelés aussi points de commande ou points maître.
[5] Cf. Chapitre Diagnostic et traitement selon la méthodologie du Lien Mécanique Ostéopathique.