27 décembre 2021 : Djeddah, Arabie Saoudite
Arrivée des équipages, assistances, organisation, 4 jours avant pour tout régler : l'administratif, les tests Covid pour tout le monde (les positifs resteront malheureusement sur place !), dernières vérifications techniques des voitures, organisation interne dans les Teams, et.....1er contact avec les pilotes et copilotes que j'aurai à suivre pendant 15 jours.
1ère séance d'ostéo en LMO : pour une prise de contact, pour un 1er examen et un 1er bilan de la lésion totale. Chacun vient avec différents symptômes. Certains sont suivis le reste de l'année par leur ostéopathe local, d'autres présentent des douleurs très diverses : genou, épaule, avec aussi lombalgies, sciatalgies, cervicalgies, ou autres névralgies.
Il m'est arrivé de traiter un motard venant faire le rallye d'Egypte alors qu'il portait un collier cervical à la descente de l'avion !!
L'examen de la lésion totale me permet de répertorier toutes les lésions, symptomatiques ou pas, qui pourraient avoir des conséquences plus importantes dans les jours à venir !!
Il n'est pas possible pour autant de faire un traitement LMO dans le plus grand respect des règles.
En effet, dans 2 ou 3 jours, les organismes seront mis à rude épreuve et ce n'est pas le moment de trop bouleverser des équilibres mécaniques ou énergétiques. L'exercice est délicat pour juger et jauger le traitement à adapter. Nous devons chercher à minimiser les symptômes existants, traiter les lésions dominantes sans toutefois créer de réaction, et éviter d'engager un processus complet de réharmonisation pour ne pas déstabiliser l'ensemble des structures.
Ecouter la plainte, y remédier dans la mesure du possible, expliquer notre méthode qui interpelle, qui surprend et qui fascine dans ce monde sportif.
La plupart de ces concurrents ont l'habitude de techniques beaucoup plus directes. Mais ils sont parfois stupéfaits de nos tests, de notre diagnostic (notamment sur des lésions plus anciennes non exprimées), et de la précision de notre traitement. En effet, chez un sportif, le moindre grippage, le moindre grain de sable prendra des proportions beaucoup plus importantes dans les jours à venir.
Notre méthodologie du LMO nous permet de diagnostiquer, hiérarchiser et traiter tout cela avant le départ.
1er Janvier 2022 : Départ du rallye raid Dakar
Le suivi d'une dizaine de concurrents est intéressant. Il faut passer du temps avec chacun, parfois les écouter, les rassurer, les encourager ou carrément les dissuader de continuer.
Les profils sont très variés, des grands champions (Sébastien Loeb et Fabian Lurquin) au sportif occasionnel qui s'offre « son Dakar », l'évènement de sa vie !!
Une grande confiance s'établit de jour en jour.
De par notre méthode non traumatisante, précise, indolore et plutôt relaxante, certains n'hésitent pas à venir se faire traiter tous les soirs.
A la fin de la journée au bivouac, après une bonne douche, pilote et copilote se relaient pour les consultations jusqu’à parfois tard dans la nuit (23h - 24h) selon leur arrivée.
Leur symptomatologie est bien différente suivant le véhicule.
Les motards sont des sportifs entraînés physiquement et techniquement ; leurs corps absorbent beaucoup mieux les traumatismes de la piste, de par les suspensions de la moto mais aussi par leur position debout sur les cale pieds. Ils ne viennent me voir qu'en cas de chutes et là, un gros travail de remise en forme est nécessaire ; beaucoup de traumatismes périphériques (épaule, poignet, genou, cheville, etc.). La colonne est quant à elle bien protégée par un airbag. Des cervicalgies peuvent toutefois apparaître de par le poids du casque ou de l'hyper-extension cervicale.
On aura toujours une certaine responsabilité au sein du Team pour valider un départ le lendemain.
On pourra aussi se reposer, chaque fois que nécessaire, sur un diagnostic médical au sein de l'organisation du rallye.
J’ai en mémoire ce motard, victime d’une chute à 3 jours de l’arrivée.
Subluxation acromio claviculaire !
Le challenge était de lui permettre de poursuivre la course jusqu’au bout. Mais pour cela, il fallait qu’il parvienne à lever le bras assez haut pour attraper son guidon une fois sur la moto.
Le soir de la chute, j’ai dû travailler, selon les principes du LMO, en articulaire et intra osseux, sur sa clavicule, omoplate, cervicales, tout en normalisant aussi les artères et nerfs de cette région.
Le lendemain, après un dérouillage matinal, il a pu remonter sur sa moto.
Challenge gagné et espoir retrouvé pour ce motard !
Le soir après chaque étape, il revenait en consultation, pour repartir le lendemain, et a ainsi pu franchir la ligne d’arrivée le 14 Janvier.
Dans les autres catégories, en voiture ou buggy, le corps est beaucoup plus solidaire du véhicule. De ce fait, les impacts sont plus fréquents lors de chocs, sauts, arrêts brutaux, tonneaux…
Le rachis et surtout le bassin seront mis à rude épreuve. La position ou la technique de conduite seront importantes.
Des lombalgies, sciatalgies sont fréquentes.
Après le traitement global des premiers jours, au cours du Rallye, l’approche ostéopathique sera basée sur la symptomatologie. Toutes les structures de la zone douloureuse doivent être examinées.
Lors de cervicalgies, le testing vertébral sera primordial mais aussi un examen des nerfs cervicaux et du système vasculaire (en particulier les artères carotides et vertébrales) est indispensable.
Concernant la douleur de l'épaule, la pression du harnais sur la clavicule et le trapèze va nous imposer de tester, diagnostiquer et traiter des lésions vasculaires (artère subclavière), le plexus brachial, le nerf suprascapulaire mais aussi l'intra-osseux de la clavicule et de l'épine de la scapula.
L'examen du bassin devra être complet en analysant les structures osseuses mais aussi les lignes de force de l'ilium qui jouent un rôle important dans l’amortissement des contraintes.
Le viscéral ne sera pas à négliger tant sa structure est sollicitée suivant le comportement de la voiture.
L'analyse de la traversée fessière, du sacrum et des nerfs correspondant (sacrés et sciatique) prendra une grande part du traitement.
Les pilotes et copilotes dont j'ai eu à m'occuper accordent de plus en plus de confiance dans notre traitement LMO au fil des jours.
Ils se rendent compte qu'ils peuvent venir et se faire traiter tous les soirs (comme c'est arrivé pour un pilote en particulier). Ils apprécient le confort, la précision et l'efficacité du traitement.
Les teams privés font de plus en plus appel aux ostéopathes pour suivre leurs pilotes et copilotes.
Je pratique le LMO sur les Rallyes Raids depuis 1997 : notamment en juillet 2002 sur Pierre Lartigue (4 fois champion du monde de Ralllye Raid et 3 fois vainqueur Dakar voiture) et Fabrizio Meoni ( 2 fois vainqueur Dakar Moto et 4 fois vainqueur Rallye Tunisie et Egypte ). Cette pratique a toujours donné de grandes satisfactions.
Cette année, j'ai eu l'opportunité de suivre et traiter Sébastien Loeb (9 fois champion du monde des Rallyes, 2ème au Dakar 2022 et sportif français le plus titré) et Fabian Lurquin son copilote.
La vision globale, précise, mais aussi symptomatique, du LMO, dans la préparation, le suivi, et la récupération, de ces pilotes et copilotes, est une aide et un atout très précieux pour ces sportifs de haut niveau.
Pascal Ferrand DO